Si Baroness en a, semble-t-il, fini avec les couleurs (du moins pour ses titres), il habille toujours ses pochettes d’albums de jolis tons et d’influences art déco. C’est par une mélodie folk et une ligne vocale un peu hors tonalité que nous accueillent les georgiens ; pas forcément de quoi nous mettre en confiance. Un gros riff ouvre ensuite « Last word », mais il ne nous rassure pas forcément non plus ; trop attendu, trop classique. Heureusement le reste du titre se montre bien plus épique et réussi, et finalement cette partie riffée est la plus hors sujet du titre. A quoi bon se mentir ? Baroness est de moins en moins stoner et de plus en plus hard rock et rock psyché – folk, et c’est pas plus mal puisque le groupe a toujours excellé à proposer des titres riches en émotion. « Beneath the rose » change un peu la donne avec son chant parlé et son riff frontal qui amène à un refrain bien mélodique et puissant. « Choir » suit à peu près la même construction, mais sans le côté mélodique ; c’est un Baroness nouveau qu’on découvre ici, un peu plus expérimental et electro. La courte « The dirge » tranche franchement, avec ses couleurs folk americana psyché. « Anodyne » revient à un hard rock psyché plus proche des albums précédents, même si le traitement de la guitare y est particulier (Gina Gleason semble imposer encore plus ses choix ici). « Shine » surfe sur la même vague. Les deux semblent là pour nous préparer au long, magnifique et plus progressif « Magnolia », pour moi le meilleur titre du disque. « Under the wheel » est une autre tentative de renouveler le son de Baroness. Certains le décrivent comme se rapprochant de Deftones ; c’est vrai que dans sa première partie et quelques tournures il y a quelque chose de « White pony », même si le déroulé est radicalement différent et la fin est bien plus vicieuse qu’explosive. Enfin, « Bloom » recouvre ce « Stone » d’une mousse barbue luisante et douce, mais ce n’est pas forcément le final que je préfère ; à vrai dire je le trouve plus chiant qu’apaisant. Vous l’aurez compris, pour moi « Stone » n’est pas aussi massif qu’annoncé. On y sent un groupe tiraillé entre l’envie d’innover et la peur de lâcher ses acquis. On y trouve donc un mélange hétéroclite de passages excitants et d’autres plus quelconques, ou juste maladroits.
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