Le monde fonctionne par cycles. D’un point de vue général, nous, petits européens privilégiés, persuadés de vivre dans les parties du monde (sensées être) les plus civilisées, allons devoir nous rendre à l’évidence ; la belle peinture s’écaille, le modèle s’effrite. Ce qui se fait de meilleur ne vient plus de chez nous. La vieille Europe sera bientôt le quart-monde, et se tournera vers ceux qu’elle regardait de haut pour mieux les singer, les prendre en modèle à son tour. Bien. Donc, « Narrator and remains » est loin de ne faire que copier/coller ce que l’on connaît déjà en terme de black metal. Oui, Acrosome est turc, et oui, il pratique bien ce genre, mais de manière tout à fait personnelle si ce n’est inédite. On parlera donc de post black metal. On trouvera ici de l’atonalité, du feeling nineties à la scandinave, mais aussi de la mélodie, du chant clair, de la technicité, et une certaine inclinaison vers la cinégénie. Le tout décliné en 7 titres de durées diverses, mais tous chargés d’une ambiance irréelle et magique à la fois. Une magie sombre, flippante, primale. Ce disque est une merveille. Ce n’est qu’une deuxième œuvre et on y sent déjà la patte d’un très grand. Ne reste plus qu’à espérer que ça se confirme sur le troisième opus, qu’on attend déjà avec impatience !