Ah, trop bien, ce soir je chronique une œuvre « éco-féministe », je vais gagner en crédibilité auprès du public sensible à la cause, et qui doit probablement me reprocher souvent d’occulter ce genre de message, ou du moins de ne pas leur accorder l’importance qu’ils méritent ! Bon, allez, se concentrer, ne pas lâcher que si je ne suis pas insensible à ces sujets, ça ne rentre pas en ligne de compte ici…. Ah, merde, trop tard. Bon, j’avoue ; si « Garden of delights » se pointe ici, c’est juste que j’ai accroché à la musique. Oui, je suis un peu désespérant, mais c’est comme ça ; je suis de ceux qui pensent que la musique se suffit à elle-même. « Garden of delights », donc, est le troisième opus du duo féminin et féministe (mais pas insensible au sort des hommes, puisque c’est l’autre face de la pièce). Et elles ont décidé de le sortir en indé, sur leur propre label. Bonne idée ? Très concrètement, au niveau du rendu, je dirais que oui. La prod’ est parfaite, l’album est assez hétérogène mais conserve une identité très forte, on sent que le groupe n’a pas eu à faire de compromis. Chaque titre est fort à sa manière. Bien sûr, on a parfois l’impression d’écouter une compilation plutôt qu’un album ; le fossé entre les deux premiers titres est à ce titre assez parlant : si « Alma cautiva » pourrait passer pour un titre de world music éthéré, « Bees » flirte avec une trap electro indus bien sombre, certes entrecoupée de passages oniriques, mais pour un résultat quand même bien déviant. « Lakeside town » est une ballade cold wave mélancolique, « Boobs trap » dénonce la récupération des seins par toutes les chapelles idéologiques au travers d’une electro trip hop plus accessible, « Sisterhood » suit ses traces, « Code name » se fait plus urbain et similaire à « Bees ». « Moon ô moon » dégaine les influences neo classiques et jazzy, et enfin « Una vez »est un melting-pot d’un peu tout ce qu’on a rencontré avant, un bilan en forme d’apothéose. Ce qui est assez affolant ici, c’est qu’en y regardant en détail, rien n’est à jeter, rien n’est raté, rien n’est hors propos ici. Et pourtant ce disque risque de passer sous les radars à cause de sa farouche indépendance d’esprit et de moyens (de communication, au moins), et s’avère également bien court, et donc assez frustrant. Quand on ajoute à ça son positionnement musical qui ne plaira pas à tout le monde… Et bien, moi, ça me donne encore plus envie de soutenir Sisterhood Project ! A vous de jouer maintenant !
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