KADHJA BONET : Childqueen

On va jouer à un jeu. Je ne vous l’explique pas, on va commencer de suite. Et après, qu’est-ce qui se passe ? Eh bien après, le vaisseau d’E.T. tombe en panne de carburant et s’écrase comme une merde dans un champ. Une seule créature en réchappe, et est acceptée par un couple d’ermites se nourrissant essentiellement de musique et de bouquins new-age. A la mort conjointe de ceux-ci, lui ayant appris en quelques années les rudiments d’une mélodie terrienne acceptable, elle, Khadja de son prénom, décide de se rendre à la, grande ville sous forme humaine pour présenter ses chansons. Ce scénario, c’est la première chose qui vient en tête à l’écoute de ce deuxième album de la jeune femme. Un subterfuge qu’elle-même a d’ailleurs utilisé pour son arrivée dans le monde de la musique en 2016 avec son premier opus « The visitor » (que je n’ai pas eu la finesse de repérer). Prenons les dossiers dans l’ordre. « Procession » semble sortir d’une rencontre entre la fantaisie sf d’un Sheller et la folie d’un combo prog seventies. La voix exceptionnellement douce et mélodieuse de Kadhja, doublée, triplée, y rencontre une orchestration d’une richesse et d’une versatilité infinie. Suit le morceau-titre, plus classique et soul, gorgé de violons gainsbouriens. Vient ensuite « Another time lover », dont la basse évoque clairement un Metronomy époque « The english riviera ». La ballade amoureuse « Delphine » se fait moins exubérante. « Thoughts around tea » surprend par ses sonorités et sa durée courte. Sur « Joy », c’est encore la voix qui mène la danse, toujours bien accompagnée d’une valse de cordes en tous genres amenant une couleur légèrement surannée mais unique. « Wings » navigue lui aussi dans le courant pop sixties riche en émotion. Sur « Mother maybe », c’est un funk mellow qui prend le pas. « Second wind » repart sur un jazz soulful. Et enfin, « … » ferme la marche d’une façon assez énigmatique (et peut-être dispensable). L’ensemble du disque est inclassable et sans âge (si ce n’est celui de la production, exemplaire, pour faire ressortir tous ses éléments) et montre l’étendue des talents de l’extraterrestre, qui signe l’un des disques les plus intrigants et passionnants de ces derniers mois.

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Paroles de l’album

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